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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 08:45
inauguration des nouveaux bâtiments. Communiqué de presse,  intervention publique de la CGT Vinatier

Lorsque nous avons appris que les nouveaux bâtiments des trois pôles de psychiatrie adulte (hôpital 2012) seraient inaugurés le 25 juin, après une réflexion collective nous avons demandé à pouvoir faire une intervention publique. Cette possibilité nous a été refusée par le directeur. Comme il n’était pas question de laisser passer cette inauguration sans intervenir, nous le faisons par écrit, nous appuyant sur ce que nous connaissons des services, des conditions de travail, sur tous les dossiers individuels comme collectifs que nous défendons.

Dans toutes les équipes qu’elles soient soignantes, administratives, ouvrières ou techniques, le malaise est certain. Dans toutes les équipes une réflexion prime : « on n’arrive plus à faire notre travail comme on devrait le faire ».

« Hôpital vitrine », des mots qui, pour nous, ne sont pas trop forts alors que de partout les équipes souffrent, les familles et les patients sont trop souvent sans solutions. Ces difficultés réunissent tous les personnels, qu’ils travaillent à l’extra ou à l’intra et quelle que soit leur profession, la réflexion qui nous réunit tous se résume à cette phrase : « Ce n’est pas comme ça que nous voulons travailler ».

Bien sûr ces nouveaux bâtiments apportent un confort certain, ils sont modernes, les chambres sont spacieuses, mais de quelle psychiatrie sont-ils porteurs ? Encore faut-il qu’il y ait du personnel pour les entretenir, maintenir l’hygiène, les rendre accueillants !

Que dire de tous ces grillages, cours intérieures entre quatre murs de plusieurs mètres de haut, clés électroniques, caméras de surveillance qui conditionnent une vision de la psychiatrie que nous pensions reléguée à des temps passés, lointains ? Pour nous, cette question doit être traitée sur le fond car il n’est pas anodin de voir ce nouvel hôpital se présenter ainsi.

Les nouvelles règles, procédures et autres protocoles au nom de la qualité sont en passe de tuer notre spontanéité, notre capacité à nous adapter aux situations nouvelles, différentes, sans cesse renouvelées qui jalonnent et doivent questionner nos pratiques professionnelles…. A travers cela c’est tout notre engagement professionnel qui est remis en question.

Toutes les organisations du travail sont revues. On veut tuer la mémoire collective du travail des équipes, la transmission des savoirs et des pratiques à travers la mise en place de nouveaux protocoles policés. Ceux-ci ne nous offrent aucune marge de manœuvre de qualité et il nous est impossible d’y retrouver le sens du soin en psychiatrie qui, par définition, nécessite ouverture, pensée critique, mouvement, créativité.

Que devient le sens de notre travail alors que nous avons besoin de lieux et de temps d’échange, de réflexion, d’une pratique qui ne peut prendre corps qu’autour d’une équipe pluridisciplinaire solide et pérenne ?

Le nouvel hôpital, les nouveaux bâtiments sont issus d’une logique politique (la loi Hôpital Patient Santé Territoire de 2009) qui amène une réorganisation du travail et transforme la mission des personnels. Les salariés sont souvent sidérés (au sens fort du terme) par cette restructuration : disparition des temps de réflexion, disparition des noms des unités (le comble étant le choix des noms de Bonnafé, de Tosquelles, alors que tout est fait pour détruire le secteur et la psychiatrie institutionnelle), coupure du regard commun de l’intra et de l’extra sur la continuité des soins, pénurie de temps médicaux (comme au pôle Est), difficulté de recrutement des internes et impossibilité de former les externes etc…

La perspective des soins dans ces nouveaux bâtiments n’est pas meilleure que la précédente. Dans les secteurs, nous voulons les moyens d’hospitaliser, d’assurer la prévention et le suivi après l’hospitalisation. Toutes ces réorganisations n’ont qu’un seul but : faire des économies en réduisant les moyens.

La fermeture des 40 lits en 2013 et la diminution-redéploiement de 30 postes infirmiers n’a fait qu’aggraver notre service hospitalier, on a pu voir combien l’UMA était au cœur de ces tensions.

La fermeture de la buanderie du site début 2015 n’est que la continuité de cette politique.

La fermeture de la radiologie évoquée par le directeur sera une étape supplémentaire.

Quant au projet de regrouper les structures extra muros, cela démontre une politique qui se positionne franchement à l’inverse de l’idée du secteur qui est de développer et de maintenir des structures diversement implantées géographiquement au cœur même des quartiers et des communes afin de rompre avec l’Hospitalocentrisme, avec l’isolement des patients souffrants de troubles psychotiques et de favoriser le tissu social, associatif et culturel. Permettez-nous de douter que « c’est pour le bien des patients » !

Les économies que doivent réaliser les pôles sont dictées par cette politique et les répercussions sont vécues par tous les personnels, de l’ASH aux médecins, en passant par tous les personnels soignants, ouvriers et administratifs. Beaucoup de professionnels se sentent désemparés face aux questionnements de certaines familles, c’est vrai à l’UMA comme ailleurs et la création d’une unité comme l’UHCD, même si elle soulage l’équipe de L’UMA sur le court terme, n’est « qu’un emplâtre sur une jambe de bois ».

Les besoins de tous les secteurs c’est d’avoir plus de lits pour accueillir les patients avec du personnel en nombre suffisant, c’est d’avoir plus de personnel dans les CMP pour assurer une mission qui échappe de plus en plus aujourd’hui à l’hôpital public.

Malgré cette situation compliquée, nous considérons que la bataille n’est pas perdue !! Notre organisation se bat pour l’abrogation de la loi Hôpital Patient Santé Territoire, pour l’arrêt de toutes les restructurations et, d’une manière générale, nous nous battons contre la suspicion que cette politique fait peser sur nous, les professionnels : entre ceux qui pratiqueraient bien et ceux qui ne pratiqueraient pas bien, entre ceux de la nouvelle et ceux de l’ancienne école, entre les titulaires et les contractuels, entre les soignants et les médecins, entre les personnels et les cadres, entre les services de soins et les services techniques et administratifs.

Notre bataille est bien de réunir tous les personnels, tous ces personnels qui ont fait la psychiatrie jusqu’à présent, qui ont soigné, accueilli, entretenu les locaux, le linge, fait les repas, tous ces personnels qui ont fait évoluer la psychiatrie au fil des ans, depuis des décennies et qui, aujourd’hui, se voient balayer sur l’autel de l’austérité et sous le prétexte d’humanisation se voient dirigées vers une psychiatrie où la comptabilité de l’acte passe avant la relation, avant le lien…

Cette bataille générale doit commencer dans tous les établissements, la résistance doit s’inscrire dans notre établissement et si nous mettons toutes nos professions en avant, quelles qu’elles soient, c’est en ordre de bataille que nous serons. C’est en ordre de bataille que nous serons mieux dans notre peau et, en face, ils seront moins bien dans la leur. Nous pourrons ainsi imposer une autre orientation. C’est l’engagement de notre combat quotidien avec toutes les équipes.

La CGT du Vinatier Bron, le mercredi 25 juin 2014

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commentaires

V
Merci pour cet article qui contient plein de bons conseils. C’est quelque chose que j’avais du mal a comprendre auparavant.
Répondre
V
Un tout grand merci pour votre site. C’est un plaisir pour toutes &amp; tous. <br /> Bonne continuation
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